jeudi, février 08, 2007

Top Ten Intervention...

J'ai lu aujourd'hui un top 10 désastreux des films navets de la dernière décennie : on y trouvait des réalisateurs tels que David Lynch, Gus van Sant... Un de mes films préférés s'y trouvait : Ten d'Abbas Kiarostami. (2002)

Un film à voir absolument. Et puis j'aime bcp le cinéma iranien.
Souvent les principaux protagonistes y sont des femmes et des enfants;
de là à dire que les cinéastes iraniens ont une sensibilité très féminine
dans laquelle je me reconnais plus facilement... Pourtant, voyez Ten et goûtez au génie de la mise en scène la plus épurée : j'adore !

Un film structuré de drôle de manière. Un seul lieu : l'intérieur d'une voiture. Plus précisément, les deux sièges avant du véhicule. La caméra fixée soit sur la conductrice, soit sur son(sa) passager(ère), ou pas.
10 séquences.
Ce film raconte le quotidien et la place de la femme dans la société iranienne. Au travers les questionnements du personnage principal, la conductrice, est abordé le rapport des femmes à l'amour, à la religion, à l'enfant, au sexe, au couple, au travail...
Mais très vite le cadre déborde les frontières iraniennes. Ça touche à l'universel.
Une mise en scène minimaliste, magistrale. Du non-mouvement dans le mouvement, ou bien l'inverse. Situation quasi-bouddhique dans sa terminologie même : on suit un véhicule, efficace moyen de transport et précieux espace de liberté où le temps est donné à l'un et à l'autre.
Abbas Kiarostami nous donne à y voir leurs corps confinés.
Et aiguise ainsi notre regard.


Champs et contre-champs sur des dialogues et des comédiens qui nous touchent et nous font parfois sourire comme on le ferait de nous-mêmes : un film rare, terriblement sensible et intelligent.
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Le plus dingue dans ce fâcheux top 10, c'est que j'y ai retrouvé un autre film étonnant sorti en 2002 : Intervention divine d'Elia Suleiman. Un Palestinien de Jerusalem est amoureux d'une Palestinienne de Ramallah.


Ancré dans une réalité d'actualité, ce film raconte à la manière d'une fable l'histoire de ceux qui la vivent. Avec humour et force de symbolisme, Elia Suleiman dépeint le quotidien, les espoirs et désespoirs de ses personnages. La nature humaine parfois mise en cause, ou pas. Regard fabuleusement exacerbé sur un paysage, une terre, des hommes et des femmes. Film poète, magique aussi, encore plus proche de nos rêves. Le film ne cherche pas un hypothétique dialogue, la parole y laisse la place à l'image, et au silence. Comme un espace/temps de réflexion en sus. Film militant. Œil pour œil, absurde pour absurde... Un rythme de lecture vivifiant, bousculé par des séquences musicales, genre comédie.
Une super BO !


Le récit, qui nous perd d'un côté ou de l'autre de la frontière, retrace des instants de vies parallèles, indépendantes et voisines. Plusieurs fois, on revient sur des mêmes gestes, actions répétées jour après jour : un processus de récit proche de la litanie qui rappelle celui des textes religieux. Pourtant dans ce film, de la religion on n'en dit pas un seul mot, pas un seul Nom. Les premières images donnent le ton : un père-noël meurt poignardé en plein cœur, à la frontière entre Israel et la Palestine, un terrain sec et aride brûlé par le soleil. On y voit des mirages. Un film qui passe d'un côté et de l'autre du rêve ou de la réalité, de l'illusion
ou de la désillusion. D'intervention divine, il n'en est plus.

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